Cet article est une réponse au billet de l’atelier des médias : “Le débat du moment : le coworking doit-il être gratuit ?”
Ce débat fait apparemment “rage” aux Etats-Unis et cela ne m’étonne pas vraiment. Au retour de CoworkingEurope l’année dernière c’est une question qui nous avait travaillé pendant un bout de temps avec Pierre et Manu, les créateurs de l’espace de coworking Lillois.
Le constat
Bien évidemment, comme le rappelle l’auteur du billet de l’atelier des médias, il faut bien payer les charges inhérentes aux locaux et services mis à disposition des coworkers mais cela pose clairement la question du business model. Sachant que, comme je l’affirmais en revenant du CoworkingEurope à Berlin: “Le Coworking en lui même n’est pas rentable”.
Pour simplifier, monter un espace de coworking c’est créer un lieu pour louer pas cher à des personnes qui ne roulent pas sur l’or ! Pas vraiment la situation pour faire du business… Alors, évidemment, il y a tout de même de la valeur ajoutée, sinon le nombre de coworkers ne serait pas en pleine croissance. Mais l’espace lui, fait difficilement du bénéfice, à moins de multiplier les services payants ou de faire appels à des mécènes ou subventions extérieures.
Beaucoup de freelances peu de coworkers
Deuxième constat, le nombre des freelances est en explosion, en France et ailleurs. Mais le nombre de freelances dans les villes n’a aucune commune mesure avec le nombre de coworkers. Prenons l’exemple de Lille. A Lille nous avons 3 espaces de coworking qui totalisent environ 200/250 membres maximum. L’agglomération Lilloise compte plus d’un millions d’habitant, combien sont des freelances dans ce million ? Je n’ai pas le chiffre exact mais on est bien au delà des 250 cité ci dessus. Sans compter les télétravailleurs.
Cela s’explique sans doute par un défaut de communication, toutes les personnes travaillant à domicile et en capacité de venir coworker ne connaissent probablement pas les espaces. Mais je suis persuadé que le fait de payer reste un vrai frein à l’entrée, à la découverte des lieux. Persuadé également qu’il vaut mieux essayer de faire venir les milliers d’indépendants qui travaillent chez eux plutôt que de faire payer un peu plus, ou un peu moins, les quelques dizaines de membres des espaces de coworking.
Les freelances durs à draguer
Le freelance est, par nature, un précaire. S’engager au mois n’est pas forcement adapté à sa situation où les revenus ne sont pas fixe. Et c’est souvent pendant les moments de “disette” où on a le plus besoin d’un espace où se former, apprendre de nouvelles choses ou faire du réseau. Pendant les périodes de rush nous sommes le nez dans le guidon, les avantages du coworking sont, à mon sens, moins net. Hors ces périodes creuses ne sont pas des périodes où l’on peux/veux dépenser de l’argent… Deuxième point, les indépendants ont des revenus en dents de scie, les faire payer la même somme tous les mois n’est probablement pas la meilleure des solutions.
Les solutions alternatives
Pour contourner le problème facilement ont peut créer dans l’espace de coworking un espace gratuit, un peu comme à la Cantine où on peut profiter du wifi et des conférences sans dépenser le moindre euro – exception faite du café que vous avez commandé au bar !
On pourrait imaginer des modèles plus alternatifs basé sur le don. L’espace pourrait afficher, en toute transparence, ses dépenses mensuelles/trimestrielles et solliciter les membres à donner pour faire subvenir l’espace. Avec comme perspective une fermeture de l’espace en cas de non renflouement des caisses. Cela peut paraître un peu extrème mais je suis persuadé que cela peut marcher, des logiciels open-source fonctionne de la sorte depuis des années… Cela permettrait aux membres de cotiser en fonction de leur revenus plutôt qu’en fonction de leur fréquentation, les deux n’étant pas forcement liés.
Conclusion
Je pense clairement qu’un espace devrait être gratuit, au moins en partie, pour faciliter l’accès au plus grand nombre et attirer au maximum les freelances. Alors évidemment tous les espaces doivent payer le loyer, le café, l’internet etc mais, dans l’idéal, ces contraintes ne devrait pas se matérialiser par des paiements forfaitaire,si peu élevé soient-ils. Je pense, qu’au final, cela ne sert ni le membre ni l’espace de fonctionner de cette manière.
Et vous qu’en pensez vous ?