La mode semble être au seriousgame. C’est même un des termes préféré du marketing : “seriousgame”. Ca sonne anglais, et c’est relevé par le mot “serious”, qui décidément, fait nettement plus corporate que “virtuel”.
Je vais essayer dans ce billet d’éclaircir un peu cette nouvelle notion. Cela me semble nécessaire dans cette folie du “tout serious game”. Les amalgames sont beaucoup trop fréquents entre jeux classiques et jeux sérieux, cela me semble important de mettre un peu de limites dans tout ça.
A mon sens, pour recevoir l’appellation seriousgame, un jeu doit réunir quelques critères :
- Avoir une trame pédagogique. Un seriousgame c’est avant tout un outil pour apprendre, il faut donc avoir penser cet apprentissage. Il n’est pas question de mettre un apprenant dans un environnement sans avoir penser et conditionné son parcours dans le jeu. Un jeu est “sérieux” justement parce qu’il a un but précis, et que ce but est avant tout à visée pédagogique.
- Comporter des outils de feedbacks. Apprendre aux autres c’est bien, mais il faut absolument mettre en place des outils qui permettent de contrôler l’apprentissage et de vérifier la bonne assimilation des concepts que l’on cherche à enseigner. L’idéal étant d’avoir un “jeu” qui s’adapte en fonction du parcours de l’étudiant. On peut par exemple imaginer une intelligence artificielle qui adapte et modèle l’environnement en fonction du comportement ou des réponses du joueur. Mais cela peut être mis en place beaucoup plus simplement avec une validation des connaissances par des quizz qui “jalonnent” les différentes étapes d’un parcours.
- Être ludique. Cela peut paraître bateau, mais c’est au contraire le plus important de tous. Un seriousgame tire son efficacité justement de part son coté “jeu”. Le fameux adage “apprendre en s’amusant” est en fait tout à fait vérifier comme je vous le montrerait dans un billet suivant. On apprends mieux en étant dans un jeu que devant un powerpoint ou devant un livre. Nettement mieux.
Un seriousgame qui ne réunirait pas ces 3 critères n’est rien d’autre qu’un produit marketing tout juste capable de vous faire dépenser votre argent, ou mieux, un jeu vidéo classique qui vous permettra de vous éclater pendant de longues heures. Peut être même apprendrez vous quelque chose, mais rien de comparable avec un vrai jeu sérieux !
Il y a bien sur des critères de qualité qui sont cumulables à ceux ci. Par exemple, je suis convaincu que l’apport de la 3d est non négligeable. De la même façon que l’on apprends mieux en jouant, on retient bien mieux des informations en 3D qu’en 2D. Notre cerveau est “cablé” pour ça. La cartographie de ProspecTIC est un très bon exemple d’apport en terme de mémorisation par exemple.On pourrait ajouter également le coté multijoueurs qui permet d’améliorer la capacité de création, d’émulsion des connaissances. Bref, un seriousgame c’est forcement les 3 critères cités ci dessus mais aussi beaucoup d’autres choses qui permettent de les distinguer.
Cela me semblait important de faire ces précisions. J’ai été contacté il y a peu par un journaliste qui semblait vouloir trouver un seriousgame dans un jeu qui clairement n’était rien d’autre qu’un MMO.
J’espère que ce post aidera certains à vois plus clair dans toutes ces nouveautés. Je vous parlerais dans un prochain billet de l’efficacité de ces nouveaux outils.